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Les prélèvements sur les billets durant la 2ème Guerre Mondiale
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Frédéric Droulers, le 19/02/2005

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Les neuf premiers mois de l'année 1944 furent pour les Français occupés puis progressivement libérés, une période particulièrement dangereuse et coûteuse. Parmi les biens qui disparurent définitivement réduits en cendres dans les terribles bombardements de villes, parfois inconsidérés militairement, furent des milliards en billets de banque (1) tant chez les particuliers que dans les caisses publiques et privées. A notre connaissance d'ailleurs, aucune évaluation n'en a été faite et les pertes seront lors de l'échange de 1945 indistinctement comptabilisées au poste "billets non présentés" de la Banque de France et du Trésor.
Mais il y eut d'autres disparitions, celles plus ou moins temporaires du point de vue de l'intérêt public, lesquelles, à l'exception des deux plus spectaculaires, sont restées enveloppées d'un voile de mystère ou d'oubli : il s'agit de ce qu'on nomme pudiquement les "prélèvements" de la Résistance, de la Wehrmacht et de la Milice.

Ces destructions, ces prélèvements n'ont pas qu'un intérêt historique ou monétaire mais ont également un aspect purement numismatique : l'explication de la rareté ou au contraire du caractère commun de certaines dates d'autorisation d'impression de certains alphabets, tient là, en dehors des rétentions de mise en circulation de la Banque de France. On sait en effet que l'Institut d'émission (comme la Monnaie) opère une première distribution de billets neufs puis d'incessantes redistributions géographiques et temporelles de sacs de billets et de pièces usagés auprès de leurs succursales et des caisses publiques et privées. Tout en obéissant à des nécessités de service rationnelles, ces mouvements sont erratiques quant à leur contenu. Ainsi le hasard fera que telle ville, tel comptoir sera servi d'une telle série, de telles coupures et pas d'autres, plus tôt, plus tard ou jamais. Que surviennent en divers lieux d'importantes destructions de guerre ou d'importants prélèvements lesquels ne seront pas tous utilisés et les collectionneurs constateront plus tard les manques totaux ou partiels qui les intrigueront.

La Résistance manquant cruellement de fonds et croyant le débarquement plus proche puis l'avance des troupes alliées plus rapide, les Allemands aux abois puis en déroute ; tous abandonnent prudence ou retenue dans une conjoncture très troublée. Aucun document notable n'est disponible à ce sujet aux Archives nationales. Les archives de la Banque de France sur ces épisodes délicats, pourtant ouvertes avec discrétion aux chercheurs vers 1988, ont été de nouveau interdites d'accès par le Cabinet de la Caisse générale, comme par hasard au moment où tout récemment nous sollicitions leur communication... (2). Par ailleurs, les ouvrages consacrés à la Résistance sauf ceux d'Henri Noguères sur le déroulement de la principale opération, et d'Amouroux, sont fort peu diserts ou précis sur des faits par nature estampillés "secret". De sorte que nous nous estimons bien heureux d'avoir pu consulter au ministère des Finances dès le début de la précédente décennie des documents précisément datés et chiffrés dont nous faisons état ci-après.


1- Les coups de main de la Résistance sur les billets de la Banque de France.

Hormis les contemporains ayant bonne mémoire (3) et les billetophiles les plus informés, on avait oublié le très audacieux "hold-up" en gare de Clermont-Ferrand du 6 février 1944 quand Maurice Muszynski évoqua en décembre 1975 dans ces colonnes cette fameuse opération. Nous y corrigeons au passage deux erreurs de détail seulement : d'après les archives (4) ce n'est pas 1 milliard 3 millions 8 000 francs en "plus de 40 sacs", uniquement en billets de 1000 F qui furent emportés mais 1 milliard de francs en billets de 1000 F et plus de 3 millions en billets de 20 F. D'autre part, le fourgon contenait 17 milliards environ ce qui est énorme... (5). Et finalement ce ne sont pas seulement 35 107 billets qui au total furent récupérés par les policiers mais comme on va le voir au moins 102 000.
Une masse de 16 milliards en 1000 F presque uniquement semble-t-il, contenue dans plus de 650 sacs fut ainsi négligée par les 10 maquisards "autonomes" du commando car trop volumineux pour leur camionnette. Plusieurs sacs ou sacoches durent être abandonnés en route ou imprudemment utilisés car la police put récupérer en 1000 F et 20 F un total de 103 877 500 F dont 3 180 540 F le 30 mars (6).
En gros, ce furent donc 900 millions en 900 000 billets de 1000 F neufs provenant directement de l'imprimerie de Chamalières qui devaient alimenter diverses caisses de la Résistance du Puy-de-Dôme et d'ailleurs.
L'affaire fut jugée tellement grave par le gouvernement et la Banque de France que d'abord, mais avec un certain retard, le public fut officiellement mis en garde le 30 mars (communiqué du ministère au J.O.) contre les billets portant la date de création 19.8.1943 et un alphabet compris entre 7 755 et 7 828 déclarés sans valeur (7). Ensuite, fait sans précédent dans l'histoire des hold-up, il fut pris la décision de cesser la fabrication du 1000 F Déméter mis en circulation le 20 octobre 1942 et de reprendre celle du 1000 F Commerce et Industrie (8) dont la fabrication avait été selon M. Muszynski interrompue le 6 février 1941 pour cause de sévères critiques, en haut lieu certainement. Du même coup, on dut renoncer semble-t-il à l'impression de sept séries, datées du 13.1.1944 au 6.4.1944 de 288 alphabets chacune soit 5,04 millions de billets (9).

Quoiqu'il en soit, la mise hors cours des billets incriminés gêna la Résistance (10) car le Front National put restituer aux autorités le 22 janvier 1945 une somme totale de 456 698 000 F (11), soit 456 698 billets de 1000 F non dispersés dans la population. La différence, 339 429 000 F dont 277 millions dépensés par le Front fut remboursée tardivement à la Banque puisque le 21 décembre 1944 le Trésor prit enfin en charge un montant non récupéré de 442 433 040 F (12), y compris celui assez minime des 20 F dont pas un ne fut retourné. Qu'advint-il de ce restant considérable ? D'après le rapport déjà cité du 27 novembre 1944, seulement 172 billets purent être échangés normalement par le public avant le 30 mars alors qu'il n'était pas informé du détail des billets litigieux. Ensuite, jusqu'à fin novembre, 2300 coupures furent "décelées dans les encaisses" provenant probablement de dépôts à la banque ou à la poste antérieurs au 30 mars, puis 2131 encore passèrent entre les mailles du filet jusqu'à mai 1945.
Enfin, lors de l'échange de juin 1945, une quantité assez dérisoire des billets de 1000 F recherchés fut présentée : 4 926 exactement soit 4 926 000 F. Au total, les billets récupérés "à la marge" n'atteignirent que le nombre de 9 529. En décembre 1945, conformément à des instructions du directeur du Trésor Brunet au gouverneur de la Banque de France datées du 17 décembre, tous les détenteurs, jugés globalement de bonne foi dont les remises ou les dépôts avaient été bloqués depuis 1944, en furent intégralement remboursés (13).

Le mystère plane donc sur les billets qui ne furent jamais présentés appartenant aux alphabets particuliers allant du n° 7755 au 7828 du 19.8.1943 soit 433 000 billets en chiffres ronds. Or Claude Fayette considère l'ensemble de la création du n° 7633 à 7920 comme un peu rare qui doit être en réalité très variable en interne et en revanche les créations 1943 des 29.7, 2.9, 23.9, 7.10, 21.10, 25.11 et 16.12 comme extrêmement rares puisque non cotées. L'auteur considère par ailleurs comme rares à très rares les autres émissions depuis le 15.7.1943 à l'exception de celle, bizarrement, du 18.11. On ne parle pas évidemment des émissions de 1944 dont pas un spécimen ne serait sorti des serres de la Banque de France.
Conclusion : à notre avis et en toute logique les séries et alphabets jamais ou rarement recensés par les collectionneurs faisaient partie des liasses restituées en bloc au Trésor datées à partir du 15.7.1943 puisque celles allant jusqu'au 8.7 sont jugées d'après leurs cotes, communes à très communes (14). Du fait de ces retraits ciblés, beaucoup moins de billets concernés restèrent " dans la nature " après la réforme de 1945.

Mais l'opération la plus importante - encore une attaque de train - fut celle de Neuvic (Dordogne) le 26 juillet 1944. Moins connue des numismates, elle est venue à la connaissance du grand public plus ou moins récemment par les relations de Noguères d'abord, d'Amouroux ensuite (15).
Le jour J, un fourgon de la Banque de France contenant de nouveau 2 milliards 280 millions 1500 F de billets neufs (16) en provenance de Chamalières avait été attelé à un train de voyageurs à Périgueux. L'attaque est menée sur la ligne Périgueux-Bordeaux dans la tranchée de Neuvic. Elle le fut d'autant mieux qu'elle avait été préparée par le nouveau préfet de la Dordogne en personne, Collard, en étroite liaison avec le chef départemental FFI et le trésorier-payeur Latappy ! "L'opération", écrivent Georges Beau et Léopold Gaubusseau, cités par H. Noguères "se déroule sans le moindre heurt (si ce n'est un ligotage énergique accepté par les policiers prévenus à l'avance) et les 150 sacs plombés du wagon furent transbordés dans des camions amenés à cet effet. Par souci de régularité administrative, un bon de réquisition en bonne et due forme sur papier à en-tête de la IVe République fut remis au convoyeur... La gestion de ces fonds", précisent Beau et Gaubusseau, "fut assurée par le trésorier général FFI qui en tint une très stricte comptabilité. Celle-ci fut remise en octobre 1944 à l'autorité militaire compétente qui, après examen et vérification des comptes, donna son accord". La réalité, on le verra plus loin, était autre et ce quitus s'avéra être de pure complaisance...

Amouroux nous indique que les sacs de billets de 5 000 F, 1 000 F et 500 F furent répartis entre 5 personnes à des endroits différents :
- PC de Martial et Rizza à Condrieux, en 48 sacs de 500 F et un sac de 1000 F (25 millions) (qui allait disparaître en route) : 875 millions
- à Condrieux, encore en coupures de 1000 F (8 sacs) : 200 millions
- à la Chapelle Mauzens-Miremont, en 500 F (30 sacs) : 130 millions
- à Saint-Avit-de-Vialard, un sac de 5000 F (125 millions) et 12 sacs de 1000 F (305 millions) : 430 millions
- à Sainte-Foy-de-Longas en 1000 F (16 sacs) : 400 millions

Soit un total arrondi de 2,28 milliards, dont en 5000 F : 25 000 billets, en 1000 F : 546 000 billets, en 500 F : 1 960 000 billets. Les fonds, sauf ceux du PC de Dordogne, furent ensuite répartis entre différentes organisations :
- 825 millions aux groupes FFI du centre et centre-ouest,
- 525 millions au colonel FFI Malleret-Joinville puis directeur général des FTP au ministère de la Guerre, dont 500 après la Libération,
- 424,8 millions au trésorier général du MLN à Paris,
- 120 millions à la D.G.E.R. (service secret gaulliste),
- 100 millions au M.U.R. de Limoges,
- 80 millions à des organisations militaires de la zone sud,
- 5 millions au FN de Haute-Vienne.
Soit un total de 2079,8 millions.

Il ne semble pas qu'il y ait eu une réaction ferme du gouvernement Laval qui avait perdu toute autorité dans de nombreux départements, notamment en Dordogne et qui tombera de facto le 20 août lorsque le Maréchal sera emmené en Allemagne.

Qu'est donc devenu le trésor ? Les comptes ne sont pas aussi limpides que veulent bien nous faire croire le couple d'auteurs trop complaisants cités plus haut. La preuve c'est que fut ordonnée en octobre 1944 une enquête difficile du juge d'instruction de Ribérac et d'un jeune haut fonctionnaire Bernard Clappier pour le ministère des Finances.
D'après Amouroux, souvent excessivement modéré dans ses appréciations et ici sibyllin, un montant de 1 482 000 000 F "fut partiellement utilisé avant la Libération pour les besoins du maquis, mais aussi profita à un certain nombre d'hommes qui, contrairement à ce qu'avait audacieusement affirmé le 26 octobre le préfet Maxime Roux au juge d'instruction de Ribérac, n'avaient pas utilisé cet argent pour la libération du territoire mais pour l'expansion de leurs affaires et la mise en orbite de leur personnage".

Amouroux toujours ne peut livrer que quelques chiffres manifestement lacunaires : furent restitués au Trésor en plusieurs versements 436,7 millions (17) et une somme de 7,2 millions seulement fut admise par les diverses organisations comme "perdue ou volée" (les 25 millions du P. C. Martial-Rizza sont oubliés). En 1945 un montant de soi-disant 188 millions seulement était toujours "en instance de versement". En réalité, 415,2 millions ainsi que nous le déduisons plus loin seront conservés par certains personnages que ne nomme pas Amouroux, sous peine de diffamation (18), sauf un qui n'est pas accusé directement. Numismatiquement on regrette de ne pas connaître le type de coupures concernées...
Si ceux-ci étaient encore gros détenteurs lors de l'échange de juin 1945, une perte sèche était préférable aux ennuis assurés qu'aurait entraîné un dépôt important... Certes dans l'après-guerre ces billets "brûlants" ont pu se frayer un certain débouché chez les brocanteurs (19) et furent faciles à trouver par les collectionneurs pendant 25 ans. Mais depuis, le phénomène contraire, entraîné par la restitution de créations ou d'alphabets entiers ou presque finit par jouer à plein sur le marché.


1000 F Commerce et Industrie du 6.4.1944

Ainsi pour le 1000 F Commerce et Industrie dont le 17.5.1944 est extrêmement rare et le 6.4 sans doute plus qu'on ne le pense (20), pour le 500 F dont les 25.2.1943, 6.4 et 17.5.1944 sont respectivement rares, très rares et rarissimes. A eux seuls, ces deux très importants coups de main, les seuls aussi qui soient relativement bien documentés, montant à 3,18 milliards, représentent 75 % en valeur des 53 exécutés du 20 juin au 17 octobre 1944 recensés au tableau A. On note que le "prélèvement" le plus important, en 3e position est celui de Libourne avec 285 millions. Mais effectué comme tous les autres, à l'exception de ceux dont il a été largement question, sur des "réserves émises" c'est-à-dire des billets usagés dont les numéros n'avaient pas été relevés, ces derniers ont été disséminés dans le public sans pouvoir être "retracés" dans le jargon Banque de France et policier.
Mais là encore, il se peut que des fractions importantes d'alphabets aient pu se trouver dans des liasses restituées en bloc à la Libération ou au contraire conservées illicitement jusqu'à la démonétisation de 1945, provoquant dans chaque cas un effet contraire sur le marché de la collection...

Or il se trouve qu'un député Georges Salvago a eu le 13 mai 1948 l'excellente idée de poser une question écrite, n° 940, au ministre des Finances (René Mayer) lui demandant le détail des sommes soustraites à la Banque de France par les Allemands, les organisations, collaboratrices, les maquis, les auteurs non identifiés... Pour chaque soustraction dépassant le million, il était également demandé au ministre de préciser montant, date, montant récupéré... Le parlementaire n'eut pas satisfaction sur ce dernier point mais il lui fut communiqué un tableau général d'où il ressort que les prélèvements FFI atteignirent finalement 4 506 652 215 F, dont seuls 841 188 640 F furent restitués (18,66 %), laissant un solde de 3 665 463 575 F. Retranchons de ladite restitution les 458 698 000 arrondis de l'affaire de Clermont-Ferrand et il ne reste plus à "rendre" sur l'affaire de Neuvic que 382 490 500 F au maximum. Or indique Amouroux, c'est 797,9 millions qui "furent reversés au Trésor" ou plutôt qui manifestement auraient dû l'être... car il ne retrouve lui-même trace que de 436,7 millions au total en excédent de 54,2 millions sur le chiffre calculable de 1948. Par conséquent, ce n'est pas seulement 188 millions qui en 1945 étaient "en instance de versement"...


500 F La Paix du 17.5.1944

Conclusion provisoire:
c'est au moins 415 205 000 F (21) qui demeurèrent dans certaines mains ou furent dépensés sans compter... Ce n'est pas insulter l'honneur de la Résistance que de rappeler les graves manquements de quelques-uns et de mettre au jour certaines zones d'ombre des plus dissimulées...


2- Les prélèvements allemands

Ces prélèvements dit "irréguliers" puisque effectués en dehors des conventions d'armistice sont les moins documentés. Ils furent cependant considérables puisqu'ils atteignirent un montant comptabilisés fin 1944 au tableau B par les Finances, de 4,24 milliards (22). En fait exactement 4 646 750 295 d'après l'état ministériel cité plus haut de 1948.

Le premier prélèvement de cette nature eut lieu le 2 août à Bergerac et le plus important à Nancy le 8 septembre : 1,25 milliard. Aucune mention des 3 325 000 billets de 5000 F 1942 soit 16,625 milliards mais sans valeur puisque non émis et de l'important vol d'Épinal... Hemmen que nous avons déjà eu l'occasion de citer pour ses méfaits en tant que chef de la section économique de l'Armée d'Occupation, aiguillonné par son chef direct Goering était devenu furieux. Déjà, apprenant le débarquement, il avait exigé en vain le 6 juin du gouverneur Boisanger que les versement d'avance à la Reichskreditkasse soient mensuels et non décadaires avec un acompte de 700 millions. Le 10 août, Laval lui en accordera 800 prélevés par Cathala sur les avances ordinaires de la Banque à l'État. Le 17 août, Hemmen s'étant vu refuser toute continuation des versements par un Laval sans pouvoir, quitta précipitamment Paris, presque en même temps que lui, le 17 août (23).

Déjà la Wehrmacht, la Kriegsmarine et la S.S. s'étaient servies et continueront dans les zones contrôlées par elles. Sur le chemin de l'Est, Hemmen ne se gênera pas pour ordonner ou couvrir diverses exactions sous la menace des armes. L'état ministériel de 1948 cité plus haut indique que seuls 984 020 331 F soit 22 % ont été récupérés. Quid du reste ? Pour partie dépensé sur place (24), mais le gros des 3 662 729 964 F cédé en partie au gouvernement fantoche de Sigmaringen, aurait disparu dans les bombardements ou été aurait dissimulé dans quelque mine de sel...


3 - Les prélèvements de la milice

Ceux-ci tout aussi peu documentés, y compris dans les ouvrages approfondis consacrés à la Milice se montèrent à 310 millions dont seulement 53 321 314 F furent récupérés, soit un solde "dans la nature" de 256 678 686 F. Deux succursales seulement avaient été le théâtre de ces exactions : Guéret le 30 août pour 10 millions, Belfort le 6 septembre pour 300 millions, M. Mayer en 1948 s'en tiendra à ces chiffres.

Au total, sans inclure le numéraire de la Banque de France évacué en Angleterre en 1940 et partiellement utilisé par elle pour aider la Résistance, les prélèvements de toute nature furent donc de 9 568 402 510 F soit près de 1,66 % des 576,909 milliards en circulation au 30 juin 1944 (25)... Le total non récupéré se monta à 7 689 872 225 F (26) qui alimentèrent pour une grande part le marché noir mais c'est 8,712 milliards que la Banque de France ne put "retracer" en juin 1945 (27). Nécessairement, c'est ce magot clandestin et parfois criminel qui se trouvait dans la masse des 50 milliards en billets non présentés à l'échange...

On nous reprocherait d'être un peu incomplet si on n'évoquait pas ici les nombreux coups-de-main de divers intervenants sur les bureaux de poste et les banques privées. A notre connaissance, aucun état exhaustif n'en a été dressé. Nous ne pouvons donc en citer que quelques-uns glanés chez Amouroux toujours, Azema, De Gaulle, Paillat, Rémy, Tournoux, notamment étant muets sur l'ensemble des "appréhensions" financières opérées sous l'Occupation :
- mai 1944, département de la Corrèze : postes et perceptions pour un montant de 573 310 F (27 coups de main),
- juin, département du Lot : postes et perceptions, pour un montant de 3 393 798 F,
- 23 juin, Figeac : les banques de la ville, pour un montant de 3 916 910 F,
- 1944, Hautes-Pyrénées, pour un montant de 4 872 474 F

Une fois encore suivant le destin des liasses où séries et numéros étaient consécutifs, une relation peut être faite entre ces faits et la rareté ou la non-rareté de certaines alphabets...

Frédéric Droulers

Article paru dans la revue Numismatique & Change N°318 de juillet-août 2001.

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