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Légende La tension monte pour le 50F Jacques Coeur
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Claude Fayette, le 28/10/2004

Ce billet semble relativement courant et pourtant ainsi qu'on a pu le constater dans l'ouvrage "Les Billets de la Banque de France 1800-2000" édition 2000, certaines émissions de ce billet ont vu leurs cotes grimper de façon vertigineuse à nous en faire presque battre le coeur...

Jacques Coeur, grand argentier du Roi Charles VII, est le thème dominant de ce billet qui porte son nom. Il est représenté sur le recto habillé d'un pourpoint bleu écrivant une lettre à la plume d'oie, accoudé sur son bureau sur lequel repose un petit coffre gothique. Derrière lui comme dans une fenêtre supportée par deux colonnes sculptées, se découpe le Palais de Bourges qu'il fit construire dans la ville où il vit le jour en 1395. Une scène très vivante occupe le verso : une paysanne Berrichone filant sa quenouille se détache sur un paysage très en profondeur où s'animent des troupeaux au pâturage devant une vue plus large de la ville de Bourges.

Ce billet gravé par Beltrand amène une nouvelle vision dans la succession des figures allégoriques ou symboliques représentées jusqu'alors. Il raconte à la fois en partie les grands traits de l'histoire de Jacques Coeur et la vie d'une région Française. Le peintre Lucien Jonas par son dessin réaliste et le choix de couleurs lumineuses a peint aussi bien sur le verso que sur le recto des tableaux très animés. La Banque de France voulait un style nouveau et plus vivant pour l'illustration de ses vignettes et le choix de cet artiste très connu pour ses suites de tableaux évoquant avec un profond réalisme l'univers de la mine et du monde ouvrier en général a été des plus judicieux.

Il convient de souligner que le filigrane représentant une Berrichone s'inscrit dans une forme de coeur. Alors dans une logique de calembour on pourrait être amené à penser que l'envolée des cotes serait liée à un éventuel "coup de coeur" ...

Il n'en est rien et cette progression très significative est essentiellement liée au fait que ce billet est rare pour de nombreuses émissions dont certaines méconnues par les collectionneurs, car nous le savons de façon encore plus précise, beaucoup de séries de billets n'ont pas circulé ou du moins pas en totalité. C'est le cas par exemple pour les numéros 19/5, 8, 16 et surtout pour les numéros 4 du 5 Décembre 1940 et numéro 15 du 2 Octobre 1941 dont les cotes ont doublé.

Dix années se sont écoulées depuis l'édition de 1990 dans laquelle je donnais les informations inédites sur la mise en circulation de ces billets, et le temps écoulé depuis m' a permis de poursuivre vaillamment mes recherches et de cerner avec plus de précisions les émissions plus difficiles ou très difficiles voire impossibles à trouver. Une des plus recherchées et la plus rare est celle du 5 Février 1942 dont seules les lettres A à K de l'alphabet 166 ont circulé, soit à peine 1 million de billets. Une toute récente découverte fait état d'une dizaine d'exemplaires en état quasiment SPL présentant de légères traces de rouille à l'épinglage. Les cotes des émissions à "2 alphabets" du 13 Février 1941 ainsi que celles du 8 Mai 1941 et du 11 Septembre 1941 sont très soutenues. Nous constatons aujourd'hui que l'émission du 5 décembre 1940 se rencontre plus rarement surtout en bel état de conservation, sur les trois alphabets imprimés seul l'alphabet 27 a circulé en totalité, pour les deux autres seulement la lettre N pour l'alphabet 25 et les lettres AYZW pour l'alphabet 26, soit en tout 1,2 alphabet. La demande croissante fait que ces billets voient leurs cotes doubler et qu'elles risquent à moyen terme de connaître une nouvelle plus-value. Pour l'émission du 2 octobre 1941 seul un tiers des billets imprimés ont été mis en circulation soit quatre alphabets environ (voir détails dans l'édition de 1990), ces coupures devenant assez rares de nos jours ont vu elles aussi leurs cotes en forte augmentation.

Nous n'avons toujours pas retrouvé de billets de l'émission du 4 septembre 1941 dont je pense qu'au moins quelques billets de l'alphabet A114 ont circulé (et peut-être N114), mais la dernière découverte en 1999 du 100 Francs "Descartes" du 13 août 1942 qui restait encore inconnu, me laisse toujours espérer l'éventualité d'une prochaine trouvaille dont bien évidemment rêve tout collectionneur.

Pour ceux qui recherchent cette coupure, il est encore possible de trouver assez facilement des billets neufs, grâce à certaines trouvailles passées, en particulier dans les alphabets F49, Z71, F86, E95, K162, S169. Nous pouvons signaler que les numéros 2, 4, 6, 10, 15, et bien entendu 19 manquent en "Neuf" à la majorité des collections, et que les numéros 1, 3, 14 et 16 sont difficiles à trouver en "Neuf".

Il est loin d'être évident aujourd'hui de posséder toutes les émissions de cette coupure en parfait état et il convient donc de surveiller avec la plus grande attention l'évolution des cotes.

"A coeurs vaillants riens impossible" est la devise en vieux français que l'on peut lire sur la frise gothique représentée sur le recto et il faut sans doute y voir comme un symbole de l'histoire. Ce billet de 50 Francs "Jacques Coeur" considéré jusqu'alors comme un très bon "petit billet" comporte des raretés éminemment reconnues et il entre ainsi dans le troisième millénaire au coeur même des "grands billets".

N.B: Nous remercions par avance les collectionneurs qui nous feront parvenir des informations concernant les coupures de leurs collections, numéro de l'émission, numéro des billets, état de conservation, manque en collection, etc... ce qui permettra de mieux cerner encore les raretés et d'apporter à l'avenir toujours plus de précisions souhaitées par tous.


Article paru dans la revue Numismatique & Change de mars 2000.

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